Genèse
De tout temps, l’histoire de la famille existe, mais c'est plus particulièrement depuis une quarantaine d'années que les intrications et les conséquences des héritages transgénérationnels sont mis en avant dans différentes méthodes de compréhension, d'accompagnement et de connaissance de soi de la personne.
Nous naissons et de ce fait nous récupérons, nous intégrons notre histoire familiale. Il suffit de regarder autour de nous, dans les sagas familiales princières ou non, dans les reportages télévisés relatant la vie de telle ou telle célébrité ayant un destin tragique et qui fait référence la plupart du temps, à la façon de vivre des parents, aux traumatismes, aux évènements, aux secrets, aux conflits familiaux.
En exerçant la psychanalyse, Freud avait découvert l’importance des liens aux parents et aux origines de la culture et travaille longuement sur l’inconscient individuel. Jung parle « d’inconscient collectif », celui-ci est transmis de génération en génération et accumule ainsi les expériences de l’humain. Il est inné. L’approche transgénérationnelle présente la particularité d’unir d’une certaine façon la proposition jungienne de l’inconscient transgénérationnel collectif et la proposition freudienne d’un inconscient individuel.
Ainsi, la psychogénéalogie est basée sur différents concepts de psychanalyse dont celui d’inconscient collectif développé au début du 20e siècle par le disciple de Sigmund Freud, Carl Gustav Jung.
Pour Jung, l’inconscient collectif est l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts fondamentaux de l'Homme. Il se manifeste sous forme d’archétypes, c’est-à-dire d’images anciennes, que l’on retrouve dans les mythes et légendes, comme le dragon ou le paradis perdu, et qui seraient communes à toute l'humanité. Ces archétypes se manifesteraient dans les rêves, les délires et les arts picturaux. Jung distingue plusieurs strates dans l'inconscient collectif : d’abord l’inconscient collectif familial, puis l’inconscient collectif du groupe ethnique et culturel et enfin, l’inconscient collectif primordial (où l’on retrouve tout ce qui est commun à l’humanité comme la peur de l'obscurité, l’instinct de survie).
Jung précise que cet inconscient collectif sous-entend une certaine hérédité. Cependant, dans Psychologie de l'Inconscient (1913), il écrit : « Je n'affirme nullement la transmission héréditaire de représentations, mais uniquement la transmission héréditaire de la capacité d'évoquer tel ou tel élément du patrimoine représentatif ». Cette idée est reprise plus tard, par Jacob Lévi Moreno qui la développe et postule l’existence d’un co-inconscient familial ou groupal qui serait le vecteur d’une transmission transgénérationnelle.
Pourtant, déjà en 1913, dans Totem et tabou, Freud écrivait :
« Nous postulons l’existence d’une âme collective (…) [et la possibilité qu’] un sentiment se transmettrait de génération en génération se rattachant à une faute (dont) les hommes n’ont plus conscience et le moindre souvenir. » évoquant la possibilité d’une transmission par un inconscient reliant les membres d’une même famille.
Chercheurs de l'inconscient familial
C’est autour des années 1950 que se développe en France, en Europe et aux Etats-Unis des travaux, des théories, des concepts liés à la thérapie systémique familiale. L’approche systémique avec l’Ecole de Palo-Alto, mouvement né aux Etats-Unis en 1950 et qui met en évidence le rôle central de la famille dans les pathologies individuelles.
En 1953, Joséphine Hilgard a publié un article sur quelques cas cliniques sur le sujet de « réactions d'anniversaire », chez des parents dont les enfants arrivaient à l’âge qu'ils avaient eux-mêmes, à l'époque où leurs propres parents étaient morts ou avaient été internés. Dans cette étude statistique, le Dr Joséphine Hilgard déclare que le déclenchement d’une psychose à l’âge adulte peut être lié à la répétition familiale d’un événement traumatisant. Ce genre de répétition est appelé « Syndrome d’anniversaire » ou « Syndrome de répétition ».
Françoise Dolto parle de transmission transgénérationnelle des conflits non résolus, des secrets et des non-dits sur 3 générations et affirmait «on ne peut rien comprendre à l’autisme infantile si l’on ne travaille pas sur 3 générations ». Ainsi elle introduisait dans la psychanalyse ce que l’on appelle aujourd’hui le transgénérationnel.
Alexandro Jodorowsky, Inventeur du vocable « psychogénéalogie » dans les années 1980, auteur de BD, cinéaste dramaturge, romancier, mime, poète, tarologue, « dans chacun de vos ancêtres il y a un Bouddha qui dort : si vous voulez vous éveiller, travaillez à hisser votre arbre généalogique entier au niveau de sa bouddhéité ».
Yvan Boszormenyi-Nagy met en évidence les loyautés familiales invisibles. Le système familial demeure en équilibre tant que la justice et l’équité régissent les relations entre les membres du clan. Si des sentiments d’injustice, des ressentiments apparaissent, des dettes se présentent et tout le travail sera d’équilibrer ce grand livre des comptes familiaux « que recevons-nous ? que transmettons-nous ? »
Anne Ancelin-Schützenberger pose le principal concept de syndrome d’anniversaire avec comme théorie, que nous sommes tous, la résultante de notre histoire familiale, sur plusieurs générations avec une spécificité pour la recherche des secrets de famille, du syndrome d’anniversaire.
Ainsi, plusieurs chercheurs mettaient en exergue cette possibilité de transmission familiale et la vérifiaient lors des différents interventions et cures mises en place avec leurs patients.
Chantal Rialland, développait, elle, la thérapie en Psychogénéalogie, qui se présente comme une thérapie analytique et qui prend compte des transmissions familiales conscientes et inconscientes.
La psychogénéalogie fait appel essentiellement au raisonnement, au factuel, au contexte des évènements, et de la vie des membres de la famille, à l'analyse des situations individuelles ou collectives, permettant d'avoir un regard nouveau sur cette histoire et sur ces liens transgénérationnels. La plupart du temps, nous réagissons quand nous avons mal et c’est ce mal-être, cet inconfort, ce désarroi, ce questionnement qui va nous poussez à entrer dans une démarche de recherche et de compréhension de « qui nous sommes ? »
"Nous ne sommes pas là pour guérir nos maladies, mais nos maladies sont là pour nous guérir -"
CG Jung
Les objectifs
L’objectif d’une thérapie en psychogénéalogie pourrait se définir ainsi :
- Recherche, enquête concrète sur notre histoire familiale allant au-delà de notre propre regard afin de remettre les évènements dans leur contexte.
- Recherche des transmissions, des empreintes, qu’ont pu laisser nos ancêtres à travers nous et qui peuvent soit nous bloquer (ce qui convient alors de libérer et de transformer), soit nous faire grandir (et alors là, rendre grâce à ces bénéfices et à cette force transmise).
- Nous faire prendre conscience de cette famille qui habite en nous et que nous ne connaissons pas toujours.
- Nous aider à nous libérer afin d’être mieux avec nous-mêmes et ainsi être mieux et au plus près des autres.
- Nous sommes héritier de notre histoire familiale.
- Nous avons le potentiel pour la changer, pour la modifier, pour la créer à ce que nous souhaitons au plus profond de nous-mêmes.
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